De la violence à la paix ; ce que nous dit le yoga.

La violence est selon le dictionnaire l’utilisation de la force ou d’un pouvoir physique ou psychique pour soumettre, contraindre et même tuer quelqu’un et aussi envers soi même. Cette violence entraine toujours un traumatisme, et les conséquences en sont des dommages corporels ou psychologiques. Elles peuvent aussi aboutir à la mort. De tout temps, l’homme vit dans la violence car pour survivre il a souvent été obligé d’employer la force ; Il faut se battre pour se protéger des contraintes climatiques, se battre pour sauvegarder notre territoire, de trouver notre place dans la société. Nous sommes tenus pour continuer l’espèce humaine de passer par une certaine violence. Mais quelle intention vais-je mettre dans cette violence-là si je dois l’exercer ? Peut-il avoir une violence bienveillante ? A quel moment suis-je obligé d’y avoir recours pour que quelque chose puisse perdurer ? Si on repense au dieu Shiva qui va détruire ce qui est obsolète pour qu’il y ait une véritable régénérescence, nous nous posons la question de la légitimité d’une telle violence. Nous sommes plein de questions et c’est ce qui nous fait humain. Dois-je aller vers une certaine violence ou dois-je aller vers la paix ? Nous avons certes le choix, nous avons notre libre arbitre, cette liberté de pensée et d’agir selon notre conscience. Mais est-ce le bon chemin ? Alain Rey, linguiste et lexicographe français nous dit « la violence est un genre de force passionné (Raga) et qui vise à briser la résistance par la terreur » Nous sommes dans une période où nous sommes interpellés constamment par la violence. Elle se retrouve de nos jours dans le yoga avec les nouvelles tendances qui demandent un travail corporel intense où le corps est tendu et non pas dans l’apaisement, la bienveillance et la paix. Le yoga n’est que présence consciente au geste et au souffle dans la paix du cœur.

La pratique du yoga nous incite à avoir une attitude apaisante à chaque posture ou mouvement. Il est tout à fait possible de forcer chaque posture alors nous ne sommes plus en yoga mais dans une forme de yoga gymnastique. Comme il n’y a pas de but en yoga, il n’y a pas d’objectif à atteindre, il est alors préférable de rester en deçà de ses limites car si nous devons essayer d’aller plus loin nous rentrons dans une certaine forme de violence physique. Le yoga est un chemin vers la paix du corps et de l’esprit.

Pour aller vers cette paix, il ne faut se nuire à soi-même, c’est ce que nous dit Patanjali dans son Yoga Sutra. Ahmisa la non-violence, le premier des Yama est la clé de voûte, l’élément essentiel à la cohésion, la stabilité et la solidité du yoga. Ahmisa se décompose du préfixe a et du mot Himsa, la violence en action; en parole et en pensée. Ainsi, Ahimsa vient apaiser le mental qui est un prérequis de la pratique du yoga. Ahimsa n’est pas seulement pratiqué pour ne pas causer du mal à autrui comme c’est le cas dans la Bible « tu ne tueras point » (le sixième commandement) mais va plus loin pour éviter les effets dévastateurs de la violence sur le mental. Pour apaiser ce mental le yoga nous dit qu’il y a sur le chemin de cette voie de libération, cinq obstacles qu’on nomme les Kleshas.

Avidya l’ignorance et l’aveuglement

Asmita le sentiment du « je »

Raga la passion aveuglante, le désir

Dvecha le rejet et le dégout

Abhibivesha l’attachement à la vie ou peur de la mort.

Les causes de nos afflictions (Kleshas) et les tourbillons de notre mental (vrittis) nous entrainent dans la spirale de la souffrance et peuvent avoir comme conséquence des comportements de violence à différents degrés.

Dans les Sutra, Patanjali nous dit cette phrase extraordinaire : « l’amour est un produit de la non-violence qui est la graine de l’amour universel et si vous la pratiquez vous aurez alors l’amour universelle qui va rayonner en vous ». Lorsque la non-violence est établie comme attitude alors le comportement de chacun en est durablement modifié. En ses temps instables, « l’ahimsa attitude » prend tout son sens. Alors comment éviter ou diminuer la souffrance des kleshas et de notre mentale. La réponse que donne Patanjali est simple « Dhyâna Heyâs tad Vrittayah : les perturbations du mental (vrittis) qu’entrainent les afflictions (Kleshas) peuvent être éliminées par la méditation (Dhyâna) ». Pour l’homme, ici-bas, tout est douleur car tout est soumis au changement et à l’impermanence. Seule la pratique spirituelle donne le discernement (viveka) et les moyens pour éviter les « douleurs à venir ».

La pratique du Yoga est donc de mettre fin à cet engrenage des bonheurs et des souffrances de l’existence pour aller vers un espace de paix.

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