La Joie

La joie

Avez-vous déjà ressenti cette émotion qui vous envahit lorsque vous êtes en face d’un paysage sublime avec un coucher de soleil à l’horizon, des couleurs que l’on peut difficilement décrire ? Cette émotion et bien, est la joie. Elle dure en général pas très longtemps, elle est fugace et quand elle vient elle nous submerge. Tout notre corps est envahi par des vibrations qu’on ne contrôle pas. C’est une émotion qui emporte tout l’être. Elle nous rend pleinement vivant et est une affirmation de la vie. Vous avez peut être ressentie cette même joie en écoutant un Te Deum ou tout autre musique qui vous laisse immobile, en laissant les notes pénétrer toutes les cellules de votre corps.

La joie est une expérience sensorielle qui se vit par les pores de la peau, les orifices du nez, le contact de la langue, le conduit auditif et bien sûr par les pupilles des yeux. La joie est une émotion ou un sentiment de satisfaction spirituelle, plus ou moins durable, qui emplit la totalité de la conscience. Elle se rapproche de ce qui forme le bonheur.

La joie est un affect par lequel l’esprit passe à une perfection plus grande » (Spinoza Ethique, III, XI, scolie).

En yoga, la joie se dit Ananda et c’est le mot le plus présent dans le vocabulaire religieux hindou. C’est un état de bonheur suprême qui va nous permettre de nous libérer de nos conditionnements. Dans l’instant présent où la joie vient à nous, il va se créer un vide qui va nous laisser en suspend. Comme le temps est suspendu, cet instant va devenir un état de vide non vécu. Nos vies entières sont vécues par des attitudes qui nous conditionnent mais lorsque la joie est là ces conditionnements disparaissent. Lorsque vous être assis dans une posture quel qu’elle soit, laissez-vous emporter par l’émotion qui s’installe à chaque respiration. Laissez vous emporter par la spatialité de votre corps, ne le vivez pas mais soyez-le et reliez-le au monde par les sens et les éléments de la nature. Dans cette attitude d’écoute de nos sensations, la joie surgit. La joie est une expérience à la fois mentale et physique en réaction à un événement. Il touche le corps, l’esprit, le cœur et l’imagination et est plus intense que le plaisir.

Que ce passe-t-il en nous quand nous sommes envahis par une émotion. La première chose qu’on vient à faire de façon automatique est d’avoir un sourire de contentement, puis le corps s’étire de satisfaction, les pupilles de nos yeux s’écarquillent et enfin la respiration s’apaise et ceci quelque soit le sens sollicité. Le corps et la respiration jouent pleinement leur rôle dans l’émotion de la joie.

Après ce court instant où la joie surgit, vient alors un désir de vouloir partager cette émotion avec d’autres personnes. Elle est communicative, et l’on ressent le besoin de la partager. Nous avons tous expérimenté ce désir de partage lorsque le pays gagne une épreuve sportive ou lorsque les applaudissements à la fin d’un concert demandent collectivement un bis-répétita ou lorsque encore après un cours de yoga ce besoin de dire à tout le monde qu’on se sent bien, qu’on est détendu et on est comme si on flottait sur un nuage.

Le yoga est une reliance de l’être humain au cosmos. Quand la joie est là nous sommes en osmose avec le cosmos. Je dis souvent que la pratique du yoga ne doit pas se faire de façon mécanique et sans saveur. Une posture parfaitement exécutée va devenir comme un devoir bien rempli, et ainsi vous risquez de rater sa cible. Or justement cette cible dans le cas d’une posture peut être la joie ou ânanda. Mais comment l’intégrer dans la pratique ? Il faut impérativement que la posture ne soit pas un but en soi ni comme un moyen mais comme un cheminement joyeux. Il faut laisser la posture s’installer sans tension en venant célébrer davantage chaque geste qui nous conduit vers elle. Il ne devrait donc pas avoir d’effort à faire. Je vois trop souvent dans des cours de yoga en ville, des personnes avec une posture parfaite comme un défit réalisé. On ne peut y parvenir que par un véritable lâcher-prise mental, être la posture et non faire la posture. Cette essence savoureuse est présente en nous tous, à condition qu’on lui donne l’opportunité de fleurir. Alors, les questions cessent, la peur s’évanouit et ânanda rayonne – 😉

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