Le yoga, une voie de libération

 

 

 

 

 

 

 

Je dis souvent pendant un cours de yoga que toutes les postures doivent être faites avec un esprit libre, sans contraintes ni physiques ni phycologiques car vous êtes sur un chemin de libération. Mais comment trouver son chemin ou sa voie ?

Du mot latin via, la voie suppose un itinéraire balisé, aménagé comme une route de campagne. Mais cette route qui n’est pas toujours droite est jaugée d’obstacles qu’il faudra contourner. Au bout de cette route se trouve la libération comme nous le disent les textes philosophiques hindous et qui en sanskrit se dit moksha. Mais comment atteindre cette libération ? A l’évidence nous sommes libres et égaux en droit surtout pour tous ceux qui ont la chance de vivre dans des pays démocratiques où la liberté individuelle de pensée et d’action est garantie. La libération finale, la réalisation de soi sur le plan spirituel se fera individuellement et chaque personne y parviendra de façon différente. Dans la vision hindoue des quatre buts de la vie humaine, mokshareprésente le quatrième et ultime but de la vie. Les trois premiers buts de la vie avant mokshasont, dharmaou l’acquisition, arthaou l’expérience et kāmaou la jouissance. Kāmaest les plaisirs de la vie et qui nous donne cette joie de vivre. Arthaest les biens de ce monde qui nous sont nécessaires pour subsister. Dharmaest l’ensemble des lois naturelles, des normes sociales, politiques, familiales ou personnelles et de tout ce qui nous porte et nous permet d’être à la place qui est la nôtre en ce monde. C’est seulement après avoir réalisé les trois premiers sens de la vie que l’on peut attendre le quatrième moksha. Mais cette quête ultime est très rarement atteinte par les hommes et ceux qui y arrivent sont très rares et sont appelés les « nés libres » ou jivan-mukti. Nous pouvons citer comme exemple  Bouddha, Râma Maharshi etMā Ananda Moyi.

Alors la question reste entière ; est-il difficile de se libérer de nos conditionnements ? Si oui, cela n’est pas évident car du fait du jeu de la nature (prakritti) et de celui de notre égo (ahamkāka)nous avons de grandes difficultés à voir l’essentiel. Il existe un mur de séparation robuste que l’homme a lui-même  créé. Ce mur est bien sûr le sens de l’égo qui à notre époque est très développé. Lorsque ce mur tombe,  la vie devient libre, l’unité de soi se réalise et la joie apparaît de façon impérissable. Le mot mukshaa la racine-verbe mucqui signifie libérer, lâcher, laisser aller. Lorsqu’on pratique le yoga, à un moment donné de la séance, il se produit comme un relâchement et une détente du corps va s’oppérer. Ainsi va s’entre-ouvrir pour un court instant, la voie de la libération. L’enseignant de yoga va ainsi accompagner l’élève vers ce chemin rempli d’embuches et l’élève va les retirer les uns après les autres pour se trouver sans conditionnement sur une voie de libération.

Dans le Yoga Sûtra de Patanjaliau chapitre quatre il est utilisé le mot kaivalyaau lieu de celui de moksha.Kaivalyasignifie seul, isolé entier, non mélangé. Une seconde piste s’ouvre ici, il nous dit  que nos agitations permanentes (les vritti)  s’interposent comme un écran entre ce qui est vu (drishta),ou l’énergie et ce qui voit (drashtar) oula conscience. Et ce couple énergie-conscience sera le purucha(le non manifesté) associé à la prakrriti (l’univers manifesté). En yoga tantrique, ce couple s’appelle shiva-shakti. Dans cet espace va s’inscrire nos pensées, nos désirs, nos émotions, nos peines, nos mémoires et nos espoirs. Le yoga va permettre d’ouvrir notre cœur afin de retrouver sur le chemin du yoga la pureté du purusha.

Et je terminerai par cette phrase du Yoga Sūtrade Pantajali chapitre IV, 7 :

Karma ashūkla akrishnam yoginas traividhan itareshām (L’action d’un yogi n’est ni blanche ni noire, pour les autres, elle est triple, blanche, noire et toutes les nuances intermédiaires).

 

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