Pratiquer : pourquoi ? Comment ?

Lorsque nous mettons pour la première fois un tapis de yoga au sol, nous ne pouvons pas imaginer où nous mènera le chemin sur lequel nous nous engageons. Les raisons qui nous poussent à pratiquer le yoga sont très diverses, comme une prise de conscience d’un mal être physique ou psychologique, d’un besoin de se retrouver ou bien tout simplement se faire du bien. La découverte du yoga et plus particulièrement celle du hatha yoga nous amène vers la lecture du livre de référence éclairé par le texte de Patañjali : les Yoga Sutra. Il est clairement établi dans ces textes que la pratique physique est primordiale, qu’elle doit être faite dans l’art et la manière et de façon assidue. Le mot pratique recouvre le sens d’agir mais aussi une action et à la fin un résultat. Nous avons ici la notion d’une ligne droite qui part d’un point A pour aller vers un point B. Le point A étant celui du débutant et le point B étant celui qui a atteint la révélation. Or Patañjali ne nous laisse pas sans aide, il nous dit qu’il faut un entrainement et surtout avoir une stratégie. Cette stratégie est traduite dans le texte par le mot sādhana qui est souvent traduit par les mots obtention, accomplissement ou réalisation. Pour rentrer dans une sādhana, il faut une pratique « Tapas » qui va « entrainer la destruction de nos impuretés ».Tapas vient de la racine tap qui en sanskrit signifie bruler, chauffer, consumer. Tapas n’est pas uniquement transpirer sur le tapis mais cela exige un engagement, une persévérance ainsi qu’une observation fine de notre corps, de notre psychisme et de notre mental. Il est donc important de structurer sa pratique de façon intelligente et organisée. Quand on pratique le yoga, nous partons d’un point A pour aller vers un point B, la progression se fait progressivement, lentement au rythme de chacun. Cette notion de progression s’appelle en sanskrit vinyasa. La notion de rentrer dans la posture est importante car elle doit se faire avec lenteur, vigilance, de façon graduelle et il en doit être de même manière pour en sortir. 

En pratiquant le yoga de cette façon, quels en sont alors les bénéfices ? Tout d’abord, nous ressentons un grand calme dans notre corps avec cette impression d’être comme « lavé » et de facto, on se sent plus « léger ». C’est le début de cette notion de lâcher-prise dont on nous parle si souvent parmi les buts du yoga. Ce lâcher-prise ne sera pas uniquement physique mais aussi va s’élargir à l’ensemble de l’être et un état de légèreté va emplir notre cœur de joie en nous offrant un aperçu de notre destin d’être humain.

La pratique du yoga nous amène vers un développement de l’attention à soi et à l’autre, vers un développement de la sensibilité et par là-même à l’ouverture du cœur qui est l’un des buts du yoga. Le yoga a une portée universelle d’amour. Le yoga nous propulse là où nous ne nous y attendons pas, au-delà de notre moi égocentrique ou existentiel. Par contre, Patañjali nous dit que le bout du chemin (c’est-à-dire le point B) n’est pas toujours facile à atteindre car il nous demande qu’il faut laisser de côté pour un moment la pratique afin de se concentrer sur le détachement. Patañjali nous demande de se détacher des conditionnements de la vie quotidienne et des attachements aux choses pour d’aller vers une vie dont on ne s’attacherai plus aux fruits de ses actes (la pratique). Sur le tapis de yoga cela se traduit par non pas « faire » la posture mais « vivre » la posture en pleine conscience sans en attendre quelque chose en retour. Le chemin est long et le point B est difficile à atteindre.

Quelles sont les obstacles rencontrés au cours de la pratique ?  Tout d’abord, le découragement, puis parfois le doute. Le yoga nous propose de voir la situation en face en essayant d’analyser toutes les difficultés. C’est le moment peut-être de faire une pause et de ralentir le rythme. Pendant une pratique, il nous arrive parfois de douter des bienfaits de la séance. Le doute est lié au temps qui passe car nous cherchons constamment un but à atteindre, celui de la performance ou d’un résultat concret. Or, le yoga se pratique en pleine conscience dans l’instant présent et le doute ne devrait pas apparaitre. Un autre obstacle, c’est la dispersion, c’est-à-dire tout ce que notre société nous propose comme divertissements d’un monde ultra connecté et qui font augmenter les vrittis, les tourbillons du mental.

C’est quand les vrittis s’amenuisent et que je m’intériorise, je me retrouve non pas à écouter mon mental ou mon égo mais pour me rebrancher à la source de vie, à la joie de vivre, à ānanda, « la béatitude ».  C’est alors que se dessine à l’intérieur de soi un autre espace (sukha) un espace de bien-être qui nous libère de nos tensions, de nos peurs, de nos doutes et de tout ce qui constitue la souffrance et le mal-être (dukha) …. Découvrir un jour qu’on n’est pas seul quand on est seul, c’est cela le point B.

2 réflexions sur “Pratiquer : pourquoi ? Comment ?”

  1. Bonjour et merci pour votre message.
    Je suis intéressé par vos cours. Nous avions déjà échangé mais av cette période difficile n’etions pas allés plus loin.
    J’esp pouvoir participer aux prochains cours.

    1. Bonjour,
      merci pour ton message, les cours en présentiel vont reprendre à partir du mercredi 9 juin. Les inscriptions par le site est obligatoire. Maxi 8 personnes à chaque cours. Gestes barrières et masque obligatoires sauf quand vous serez sur votre tapis. Voir le calendrier pour les dates et les règles d’inscriptions. Merci. A bientôt.

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