Faire Silence

« Le silence n’est pas absence de bruit, mais un état d’être que le bruit ne dérange pas » nous dit KG Dürkheim.

Le silence recouvre une multitude de sens, de nuances et de niveaux de compréhension. Je vais essayer ici de comprendre ce que le silence implique dans le cadre du yoga mais aussi dans nos vies au quotidien.

Le silence est le thème majeur à tous les niveaux de la discipline du yoga. De nos jours, les bruits du monde polluent notre environnement, nous sommes immergés dans un monde sonore de plus en plus important, nos rues, nos boutiques de vétements, nos salles de cinémas, nos bureaux, nos maisons avec télévisions connectées multimédia …. Tous nos sens et pas que l’ouie sont sollicités par ce vacarme constant.

Le yoga nous invite au contraire à porter une grande attention à ce qui nous entoure grâce à nos sens et plus particulièrement l’ouie. Sans la possibilité d’avoir un environnement en silence nous ne sommes plus en yoga d’où l’incohérence des cours de yoga avec de la musique. L’oreille entend tous les sons quelqu’ils soient et fait agir notre mental qui va les analyser. Selon nos désirs du moment, selon ce que nous aimons ou pas, notre mental sera captif de ces sollicitations sonores et nous éloigne de cette recherche d’intériorisation que le yoga nous invite à chercher. Cependant, un silence total peut aussi nous apporter des perturbations dans notre mental car quand il n’y a rien à entendre, quand les oreilles ne sont plus captives du bruit, nos pensées surgissent. D’ou l’importance dans un cours de yoga d’accompagner les élèves par la parole pour ne pas les laisser dans une souffrance du silence qui pourrait être plus néfaste que le bruit en soi. Alors comment trouver un équilibre entre parole et silence ?

Si les mots sont le pont entre les êtres humains, il faut arrêter le bavardage inutile et laisser nos mots devenir le guide vers un silence intérieur.

Le yoga amène l’autre à contacter son propre imaginaire sans imposer quelque chose. La voix du prof met en mouvement le corps de l’élève nous a souvent répété Isabelle Morin Larbey pendant ma formation à l’école de yoga,  la personne doit se sentir soutenu mais pas envahie.

Le yoga est une retrouvaille avec son corps, un corps de paraître afin de délaisser une apparence trompeuse. Il faudrait que les élèves travaillent les yeux fermés pour justement trouver un espace de liberté, une autre dimension du soi par l’expérience d’une conscience qui existe dans chaque être humain et ceci passe entre autre par le silence.

L’attention que je donne au silence est fondamentale car sans ce moment de silence il n’y a pas de moment d’assimilation des postures par les élèves.  Mais il ne faut pas les laisser trop longtemps dans le silence car il va y avoir un vide angoissant pour l’élève. Il faut à ce moment reprendre la parole pour accompagner l’élève dans sa quête de son corps et du silence. Tout l’art de l’enseignant de yoga va être justement de trouver le juste moment de silence afin de faire diminuer le paraître et faire grandir l’être en lui. Trouver le juste moment du silence mais aussi trouver les mots justes car leurs impacts sont beaucoup plus forts quand ceux-ci sont dits dans le silence et la concentration.

Les pensées Védiques et Upanishadiques voient la création du monde à partir d’une Parole. Toutefois cette Parole révélée garde en elle une part cachée inaudible à l’homme ordinaire. Le yogi s’efforce d’entendre cette parole silencieuse. Ainsi donc le silence ne peut révéler son contenu qu’à celui qui apprend à écouter.

Pour percevoir l’essence de ce silence, il faut savoir se taire. Or jutement dans ce triangle entre la parole, l’écoute et le silence, l’importance du silence en yoga est tout aussi important que l’écoute et la parole. Ces pépites de silence sans intervention du mental vont libérer de l’éspace dans la caverne du cœur. Ainsi donc, le silence et l’écoute sont intiment liés. La parole est l’outil qui va conduire au silence.

Un cours de yoga est ce moment privilégié où le silence est possible. Il est important de laisser des espaces de silence pour que les élèves puissent trouver cette intériorité dans leur corps. Même si ces silences ne sont pas les silences aboutis du yoga, ils n’en sont pas moins les nécessaires prémices à cette part cachée inaudible de la parole révélée. Ces moments doivent être de courte durée sinon il y a risque que le mental le perturbe. Et c’est ainsi que la parole audible de l’ensignnat doit reprendre le dessus sur le silence. Il faut donc constament trouver un équilibre entre parole et silence.

Il est interessant de constater que selon le cours, selon le moment, ce silence est fragile et risque d’être rompu à la mondre occasion par le mental perturbé. Et pour que le mental se taise, il n’y a pas que la parole ni ces courtes période de silence, il y a aussi le souffle qui va se placer à l’intersection entre lui et le corps. N’est-il pas dit dans les Yoga Sutra de Panatajali que le monde sensoriel est appelé à une conversion, une inversion de parcours des sens nommé Pratyâhâra ? Le détachement des distractions extérieures se fait au profit d’une écoute tournée vers l’intérieur. Ce détachement se fait par étape par la concentration, le dhâranâ que le yogi va ainsi pouvoir entendre ces pépites de silence, cette audition cosmique. Mais tant que le son est entendu, il existe la conception de l’espace des sons. La Maitri Upanishad dit qu’il y a deux aspects du brahman sur lesquels il faut méditer, celui qui est son (shabda) et celui qui est silence (ashabda ou non-son) et c’est seulement par le son que le silence se manifeste, le suprême silence le Brahman.

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