L’égo, ami ou ennemi ?

L’égo est défini selon le dictionnaire comme la représentation la et la conscience que l’on a de soi-même. Il est tantôt considéré comme le fondement de la personnalité (notamment en psychologie) ou tantôt comme une entrave à notre développement personnel (notamment en spiritualité). Il y a donc deux voies qui d’un côté vont nous amener vers le nombrilisme et de l’autre vers le soi intérieur. Se regarder le nombril, chérir notre propre image et vouloir être le centre du monde vont venir nous enfermer dans des représentations qui vont nous empêcher d’accéder au bonheur, d’être vivant dans ce monde matériel dans lequel nous vivons. Toutes ces crispations vont nous recroqueviller sur nous-même et nous amener vers un égocentrisme de soi. L’égo ou la conscience que l’on a de soi-même est profondément influencé par toutes nos relations sociales. C’est le regard des autres qui conditionne notre propre regard que l’on porte sur nous-même et qui reflète la manière dont on se perçoit dans les yeux des autres. Comment empêcher cette dérive ? En venant se connecter plus souvent aux autres, à la nature et à son soi profond. Pour atteindre cette liberté et pour déraciner notre égo, il faudrait considérer l’autre non pas comme son ennemi mais venir l’aimer vraiment. En psychologie, l’estime de soi est plus utilisée que le mot égo. Dans cette voie, on parle de l’ensemble des attachements à soi, donc à sa propre image. Or nos sociétés consuméristes utilisent l’estime de soi de façon artificielle nous conduisant au narcissisme et au nombrilisme. Cela est accentué lorsque les publicités nous mettent en valeur et où le client est roi. Ce n’est plus le pot de yogourt mais « votre » pot de yogourt, ce n’est plus la station de métro mais « votre » station de métro (voir pub Ratp sur le renouveau des stations). Dans ces conditions où tout est surestimé, nous sommes alors dans ce qu’on appelle le sur-égo, le moi surdimensionné. Il faut mettre en évidence que l’égo qui en Sanskrit se dit Ahamkara, est indispensable pour s’épanouir dans l’existence. Nous ne pouvons y échapper, c’est ce qui nous met en marche chaque matin. Cette dimension du moi se trouve aussi dans tous les êtres sur terre à des niveaux différents. Un chat a la capacité intellectuelle d’apprendre son nom ce qui est déjà une valeur d’individualisation. Le « moi » ou « je » du chat lui permet d’introduire dans sa conscience l’opposition entre sujet et objet. Le principe d’individualisation tel qu’il est définit par le yoga forme deux univers, l’un subjectif et l’autre objectif. Tara Michaël dans son livre « Yoga » nous dit que ce dédoublement résulte naturellement de la division créée par l’Ahamkara entre un « je » et un « cela ». Le « je » correspond à l’expérience de notre humanité, de notre expérience et de notre état actuel. Dans ces conditions, nous manifestons de l’aversion pour tout ce qui nous menace et de l’attirance pour tout ce qui plait et flatte notre égo. Ainsi des émotions conflictuelles comme la colère, le désir, l’envie, la jalousie vont venir pourrir notre vie. Notre égo est donc source de souffrance et il peut être démasqué en venant pratiquer de la méditation en pleine conscience dans l’instant présent. Les bouddhistes le comparent à un singe hyper excité. Et pour que le singe se calme, il faut venir écouter les émissions perturbatrices et trouver la petite porte où se trouve la joie. Alexandre Jollien nous dit dans le livre co-écrit avec Christophe André et Matthieu Ricard « Trois amis en quête de sagesse » le silence des organes est la santé physique, le silence de l’égo est la santé du mentale. Alors pour calmer son mental, prenez le métro ou le bus et regardez les gens autour de vous et dites-vous qu’ils sont tous beaux. Faites une ballade en foret, à la campagne ou en montagne et dites vous que vous êtes heureux parmi tant de beauté. Alors dans cette vision du monde, on libére l’ego et l’éveil spirituel s’ouvrira à vous. Si vous remplissez votre vie de gratitude, c’est à dire de reconnaissance pour un service ou un bienfait reçu, vous aurez alors accompli un geste qui va ouvrir les portes de votre soi. Alors oui, on peut dire que dans ses conditions particulières de l’être, l’égo est notre ami.

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