Les gunas ou les qualités du monde manifesté

Le terme guna est défini comme une qualité ou un caractère mais il a une signification plus large, c’est aussi une influence ou une pulsion. La matière cosmique et notre monde ici-bas (prakriti) sont composés des gunas. Chaque chose sur cette terre possède un guna prédominant en plus des qualités spécifiques provenant de sa composition de base.

Les 3 gunas sont sattva (connaissance – pureté), rajas (action – possession) et tamas (inertie – ignorance).

Chaque guna a un rôle, une place légitime et une fonction dans notre environnement bien que certains affichent des aspects positifs et d’autres négatifs. Dans le contexte humain, le guna se réfère habituellement à la qualité du mental et au caractère d’une personne, calme, douce, patiente, et tolérante (sattvique) ou passionnée, spontanée, avide et matérialiste (rajasique) ou ignorante, paresseuse, insensible et fourbe (tamasique).

Ces trois gunas sont présents en nous et chacun d’eux peut se manifester dans différents contextes. Tantôt les gens ont des gunas en rapport avec leur environnement, leur alimentation, leur période de vie tantôt ils dépendent d’autres facteurs. En tant qu’être humain, notre objectif est de faire évoluer notre guna sattvique en choisissant un mode vie sattvique.

L’interaction de ces trois forces est à l’origine de l’aspect changeant de toutes les choses de la nature. Evidemment, si ces trois forces gèrent la nature, cela signifie qu’elles sont en nous aussi. Lorsqu’elles sont bien équilibrées, nous sommes épanouis et en bonne santé. Si ces forces sont déséquilibrées, nous sommes sujets à des perturbations physiques, émotionnelles et/ou mentales.

TAMAS : le principe d’inertie et d’ignorance.

Grâce à tamas, nous pouvons rester les deux pieds sur terre sous l’effet de la pesanteur. Tamas est plus en rapport avec le corps physique. Elle donne la densité, la solidité, la fermeté. C’est donc une qualité importante pour les os, les muscles, etc… mais aussi pour l’aplomb et l’ancrage. Tamas est liée à l’immobilité et au sommeil, elle se situe dans les centres muladhara chakra et svadhisthana chakra (les deux chakras de la base et du pubis), elle est représentée par la couleur noire, la nuit.

RAJAS : le principe de l’action, du mouvement et de la possession.

Rajas permet le mouvement des planètes. Dans le corps, elle permet, par exemple, la digestion. Rajas est plus en rapport avec le corps énergétique, elle est située essentiellement dans le centre manipura chakra (le chakra du ventre), elle est représentée par la couleur rouge, le feu

SATTVA : la connaissance, la pureté, la légèreté, la finesse, la conscience, la pensée.

Elle est la lumière. Sattva est plus en rapport avec le corps mental, elle se situe dans anahata chakra et vishuddha chakra (les centres du coeur et de la gorge), elle est représentée par la clarté, le blanc, la légèreté, la luminosité.

Les gunas sont donc trois forces complémentaires en perpétuelle interaction.

Elles existent séparément, cependant, elles sont complémentaires et indissociables.

Dans tamas, il y a toujours un peu de rajas et de sattva. Par exemple dans les rocs, les montagnes et dans les os, il y a quand même du mouvement (rajas) et de la conscience (sattva).

Dans rajas, il y a toujours un peu de tamas et de sattva. Par exemple dans le feu (rajas), il y a une part de matière (tamas) et une part de lumière (sattva).

Dans sattva, il y a toujours un peu de tamas et de rajas. On peut prendre comme exemple la pensée qui a une part de matérialité et de mouvement.

C’est le mélange harmonieux et équilibré dans de bonnes proportions des trois gunas que l’harmonie de l’individu est assurée.

Que se passe-t-il s’il y a un déséquilibre ?

Si une des trois forces est trop envahissante ou, à l’inverse, pas assez présente, un déséquilibre s’installe. Si tamas est nécessaire pour l’aplomb, trop de tamas entraîne de la lourdeur et de la torpeur. Si rajas est nécessaire pour la digestion, trop de rajas entraîne de l’agitation.

Pendant le sommeil, si’l y a trop de rajas le sommeil sera alors agité. L’individu peut être sujet à de l’agitation nocturne et aux insomnies. Par contre, s’il n’y a pas assez de rajas dans tamas, le sommeil est lourd et inerte. L’individu dort 10 ou 12 heures d’un sommeil sans rêves et sans conscience. Enfin s’il y a une proportion correcte de sattva, le sommeil sera plus léger et récupérateur.

Le coeur est le centre de sattva, la légèreté. Si rajas, le feu, est trop présent dans le coeur, l’individu sera agité, émotif voire hargneux et colérique. Il aura tendance à développer des qualités non désirables comme l’envie, la jalousie, etc… et à être en prise avec des désirs égotiques qui le perturbent.

Pour ce qui est de la pratique du yoga, si nous avons trop de tamas et que nous nous sentons lourd, fatigué, sans entrain, il faudra faire des pratiques qui vont activer le feu (rajas) comme par exemple la salutation au soleil, le cobra et toutes postures d’extension. La respiration devrait être dynamique en allongeant l’inspiration

Si nous avons trop de rajas dans le coeur, que nous sommes agités voire dévorés par des envies ou des passions, nous pouvons faire une pratique qui replace rajas dans le ventre comme des flexions avant, des torsions et une respiration où on va favoriser l’expiration.

Le corps va ainsi s’équilibrer, le bien être va s’installer, l’esprit va s’ouvrir vers des dimensions, des sphères supérieures jusque là inconnues et vous aurez une vision du monde claire.

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