L’Amour ou la Bhakti Yoga

En occident, l’amour est défini par un sentiment d’affection intense et un attachement envers un être ou une chose. Il y a donc un lien qui relie un être et un autre être ou un objet. Quand il s’agit d’une personne cela renvoie la plupart du temps à un profond sentiment de tendresse et d’empathie.

Dans la philosophie indienne, il n’y a pas de mot en sanskrit pour traduire amour. Il y a d’autres mots qui sont souvent traduits par d’autres mots ou expressions. L’amour se situe au centre du buste au niveau du cœur. C’est là que se trouve le chakra du cœur anahata. Il fait le lien entre les chakras inférieurs associés au corps physique et ceux des chakras supérieurs qui amènent l’homme vers des sphères spirituelles. Il supporte l’interconnexion de la vie et les relations avec autrui. L’amour ressenti par l’autre ou les autres est source d’équilibre psychologique et même physique. Quand on prend une personne dans ses bras, un moment d’apaisement est ressenti par les deux personnes. Ce moment est souvent inconscient lorsqu’il s’agit d’une embrassade amicale ou fraternelle mais peut être plus profond lorsque les deux êtres s’enlacent dans une étreinte (voir les éteintes d’Ama). L’amour des autres remplit nos cœurs, réchauffe nos chairs, apaise les circulations diverses, réduit le stress et l’anxiété. A ne pas confondre avec l’amour passionnel ou charnel qui excitent et enflamment les corps au lieu de les apaiser. Dans l’amour reçu ou même donné se trouve tendresse et douceur. Faire un câlin, une accolade, avoir des gestes tendres apaisent l’agitation du quotidien, calment le stress et les peurs, et les anxiétés s’éloignent. Une étude scientifique montre par exemple que les femmes atteintes de cancer du sein ont plus de chances de rémission/guérison si elles sont entourées d’ami-e-s aimant-e-s qui les soutiennent pendant la traversée de cette épreuve. 
Le Dr Leonard Laskow, médecin obstétricien gynécologue formé à Stanford qui a travaillé sur le pouvoir de guérison de l’amour écrit : « L’amour est la plus puissante forme d’énergie thérapeutique et le premier catalyseur du retour à la santé. C’est notre impuissance à nous aimer nous-mêmes ou à recevoir l’amour des autres qui est à l’origine de la plupart de nos maladies. » 

On lit souvent que l’amour est plus fort que la haine. Quel est cet amour plus fort que tout ? L’amour inconditionnel fait aimer sans créer de distinction entre le bien et le mal, ce qui est laid ainsi que ce qui est beau n’ont pas de valeurs intrinsèques, ils sont identiques. Ainsi une orchidée et un pissenlit ont une beauté identique. Cette façon de réaliser l’amour ne peut se faire que s’il n’y pas de jugement. Pour des fleurs ou tout autre objet il est plus facile d’y voir un amour inconditionnel car le jugement ne vient pas heurter une personne. Par contre, il est plus difficile quand il s’agit d’une personne car le jugement peut porter préjudice dans l’intégrité de la personne en lui affectant les qualificatifs de laid ou de beau. 

En yoga, le chemin de l’amour se trouve dans l’une des voies du yoga, la Bhakti yoga. Les autres voies du yoga sont la Jnana yoga (yoga de la connaissance) Raja yoga (yoga royal) et le Karma yoga (le yoga de l’action). La Bhakti yoga est une recherche de l’amour véritable et sincère au seigneur. Quand un homme parvient à cet amour, il aime tout et ne hait rien, il est à jamais satisfait. On se rapproche de l’amour inconditionnel vue plus haut. C’est un amour dont l’égo n’a pas sa place. « C’est une voie dans laquelle un amour intense permet au yogin de s’élancer jusqu’à la réalité ultime et de s’en emparer » nous dit Lilian Silburn dans son livre – La Bhakti. Cette réalité ultime est le Brahman, ce qui est non manifesté, inaltérable, non né, immuable, qui n’a ni forme ni aucun trait, omniprésent, éternel, il est la source des êtres. Et le brahman c’est l’amour inconditionnel. Ainsi l’amour de Dieu n’est rien d’autre que l’amour de la réalité suprême, du Soi ultime de l’homme qu’il a oublié et dont il s’est semble-t-il écarté. Cette réalité absolue ne se trouve pas dans la réalité des choses du matériel ni dans les limitations du mentale. L’esprit a horreur du vide. Puisque nos pensées sont toujours dirigées vers des mots ou des images, l’homme qui est à recherche du divin a recours à des symboles pour contempler Dieu. Chaque conception de dieu traduit un aspect essentiel de dieu et chaque culte une voie différente. L’être est un mais ses noms son différents, Jésus, Allah, Hari, Brahman…. La dispute des différents courants sont aussi absurdes que la querelle des quatre aveugles qui sont devant un éléphant et qui doivent l’examiner : un touche la jambe, un autre une oreille, le troisième le ventre et le dernier la queue. Après des disputes interminables sur l’objet touché il ne se mettent pas d’accord alors que c’est un éléphant, une seule même réalité. L’amour véritable exempt de sollicitations égoïstes et de crainte du Tout-Puissant implique un abandon du petit soi. L’adorateur de l’Amour avec un grand A n’attend aucun bénéfice en retour et se donne à Dieu avec un grand D inconditionnellement. Il n’a soif que d’Amour.

Dans notre quotidien, tâchons de placer l’Amour avec un grand A au centre de nos vies. Ne nous laissons pas entrainer dans une recherche vaine qui ne mènerai qu’à nous séparer et de mettre les Hommes en opposition alors que nous sommes tous reliés par cet Amour inconditionnel, par Brahman la réalité suprême.

PS : photo de Thomas Pesquet prise à bord du Dragon 9 en approche de l’ISS

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