Le Prānāyāma Sonore – Les Bijas Mantras


Les bijas mantrassont des phonèmes monosyllabiques, des sons semences. Bijaen sanskrit se traduit pas graine. Dans chaque son une puissance ou une énergie est contenue. Ils sont considérés comme des sons racines comme dans le son « dha » que l’on va retrouver dans le mot Dharana(la concentration). Ses bijamantrassont présents dans tous les systèmes philosophiques de l’Inde. Ils sont couramment employés dans la pratique du yoga en fonction de la séquence et de l’effet recherché. Il est à noter que parmi tous les bijas, le phonème OM est dit « Pranava », c’est à dire, contenant à lui seul tous les autres bija. Son utilisation dans les pratiques est particulièrement appropriée. Il s’agit réellement d’un son complexe infiniment vaste et en attente d’être révélé. On associe souvent le pouvoir de la conscience absolue à celui du verbe créateur car lorsque ces sons entrent en vibration et en résonnance, ils ont le pouvoir absolu sur toute la manifestation et sur toute la réalité observable.

 UnBijaest une forme de contraction d’un son, il est très proche de la notion de bindu.Le binduest un point de rassemblement énérgétique (comme le point source au centre de la tête ou entre les deux yeux) et le bija mantra est une concentration d’énergie qui peut être exprimé par un son, par une pensée ou par le souffle. Les bijaspeuvent être associés aux nyasaqui sont des points de contact sur le corps où vont s’éveiller par un contact physique, une impulsion énergétique. Associés aux bijas, ces points de contact vont s’ouvrir vers des niveaux supérieurs de conscience. 

Ainsi le son bija OMlorsqu’il est prononcé et que simultanément on place un mudra(geste) en plaçant le pouce et index ensemble, la résonance du son associé au toucher pouce-index va être alors révélée et renforcée. 

Il y a d’autres bija mantraassociés avec un mudra commeHaïmen y associant le pouce et le majeur ; Rimen y associant pouce et annulaire ;  climen y associant le pouce et l’auriculaire et enfin svahaen y associant le pouce avec le centre de la  paume de la main. 

Tous les doigts de la main ont des significations particulières. Le pouce possède deux articulations, la première partie est liée au Brahmanabsolu, celui qui n’a pas de forme. La deuxième articulation est liée au brahmande la manifestation. Tous les autres doigts possèdent trois articulations. Sur l’index la première partie est liée à shakti(l’énergie féminine), la deuxième articulation est liée à l’âme et la troisième articulation est liée à l’égo c’est à dire la représentation de nous-même. L’ensemble de d’index est lié à l’ātman, la conscience absolue, la pure conscience d’être ou le « je suis » désigne traditionnellement le vrai Soi. Les trois autres doigts sont liés aux gunas(les trois qualités fondamentales du monde manifesté : sattva, rajaset tamas). Le majeur est liée à sattva(connaissance – pureté), l’annulaire est lié à rajas(action – possession) et l’auriculaire est lié à tamas(inertie – ignorance). Ses trois doigts sont chacun liés à un plan physique, mental, émotionnel et affectif. 

Quand on place le pouce en contact avec l’index et les trois autres doigts tendus, nous atteignons le brahmanavec forme qui s’unit et se fond dans l’absolu. Par cette technique on s’éveille spirituellement, et on rend disponible toutes les différentes composantes de notre être. De part cette disponibilité, les bijasmantravont s’exprimer librement à travers les postures et aussi à travers notre corps. La vibration sonore des bijas mantras crée un réagencement des molécules dans les espaces de notre corps.  Elle va être perçue également au niveau des sensations proprioceptives que nous avons à la surface de notre corps. Ainsi se crée une résonnance entre la résonance intérieure et la résonnance extérieure. Dans le tantra, le dhvani est le son audible et articulé et a pour effet d’éveiller les centres psychiques. La résonance de la résonne est appelée en tantra anāhata-dhvani,le son non frappé, un son transcendantal dépourvu de vibrations échappant dès lors à la portée d’écoute normale de l’oreille physiologique. Le mental est alors totalement calme, les pensées ont totalement disparues. 

Pour atteindre cette résonance de la résonance, il faut aller plus rapidement dans la répétition du bija mantra. Dans  « Om, haïm, rim, clim, svaha » on place de façon accentuée un « m » à la fin du chaque bijaet on accentue aussi le « ha » de svaha. C’est dans la pononciation succesive des quatres « m » qui vont se rassembler dans le dernier « ha » de svahaet peut être ainsi la plénitude proche du son non frappé le anāhata-dhvaniva se rélèler à soi.

On s’aperçoit ainsi qu’on a fait un prānāyāmacar on a répété rapidement sans s’occuper des temps d’inspiration et d’expiration. C’est un prānāyāma phonique, toutes les fluctuations du mental s’arrêtent lorsque le chant s’arrête. Cette suspension du souffle, on l’appelleKhumbakanaturel. Le khumbakaétant en prānāyāmala rétention du souffle physique. Entre le son audible et non audible, et entre le souffle physique et le souffle subtil, la frontière devient de plus en plus fine pour laisser lebrahmanabsolu se révéler.

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