Des mots pour une rentrée en douceur.


Lors d’un cours de yoga, il arrive parfois que le professeur prononce des mots en sanskrit sans toujours en donner une traduction.  Ces mots en sanskrit ne sont pas nécessaires pour suivre un cours de yoga mais si de tels mots sont prononcés, il est important de les traduire en français. Cependant, la sonorité si spéciale des vocables en sanskrit va vous donner quelque chose de plus dans le cours et va venir enrichir votre pratique. Il y a certains mots qu’il est important de connaitre, il est donc utile de se familiariser avec eux car ils vont illuminer le ciel de votre pratique afin que la séance ne se résume pas uniquement à un enchainement de postures.

Je vous propose huit mots : 

Le mot yoga : Traduit souvent par les mots union, lien, relier et qui a donné le mot joug en français. Il est l’un des six systèmes philosophiques hindous et dont le but est la libération (moksha). Ce mot apparaît de façon codifiée dans les yoga-sûtras, texte de référence attribué à Patañjali. Il est aussi traduit dans ce même texte par un autre mot qui est celui de repos car il est énoncé au deuxième strophe dans lequel le yoga est l’arrêt des mouvements du mental (yoga chitta vritti nirodha) – il doit donc être au repos. C’est aussi un ensemble de techniques physiques et psychiques qui ont pour but de nous arracher  au pouvoir de la mâyâ,de ce voile qui nous empêche de voir la réalité du monde. Le yoga nous permet de nous désillusionner et de nous acheminer vers l’union avec le brahman.

Le mot brahman : Il désigne le centre de toutes choses, l’absolu caché dans la diversité ; il est inqualifiable, indicible, inconnaissable, omniprésent, omnipotent, incorporel, il est la base divine de toute l’existence. Selon les vedas(autre texte majeur de la pensée hindou), il a toujours existé et existera à jamais. Il est la source divine de la vie, l’absolu divin.  Il est réalité dont la manifestation n’est que illusion (mâyâ). Il est la conscience universelle, présent de partout, et ne peut se définir qu’en énonçant ce qu’il n’est pas (neti-netien sanskrit : ni ceci, ni ceci). La Bhagavad-Gîtadit : « tous les êtres sont en Moi, mai je ne suis en eux … dans l’espace éthéré se tient le vent puissant, soufflant partout, ainsi, sache-le, en Moi se tient tous les êtres »

Le mot mâyâ : Il est traduit par le mot illusion dont sa fonction propre est de représenter ce qui n’existe pas. Il est l’illusion d’un monde physique que notre conscience considère comme la réalité.  Il est la nature illusoire du monde, c’est une réalité insaisissable. Le but du yogi est de le comprendre, de traverser son voile et de réaliser l’âtmanc’est à dire le Soi et l’univers afin de trouver fusion avec le brahman.

Le mot âtman : Souffle, principe de vie ou encore le Soi ou bien encore l’élément spirituel qui est en nous. Il est qualifié comme la pure conscience, « je suis » dans le sens du vrai Soi par opposition à l’égo (ahamkāra).

 Le mot karma : Qui vient de la racine krqui signifie acte ou action et qui pour le yoga désigne la loi de cause à effet appliquée à nos actes. C’est la notion qui désigne le cycle des causes et des conséquences liées à l’existence des êtres sensibles. Il est ainsi la somme des actes qu’un individu a fait, est entrain de faire et fera. Un acte bon s’il est accompagné d’une bonne intention produit un effet favorable dans nos vies présentes ou futures.  Cette loi intervient donc dans la sphère morale. Chaque être est responsable de son karma(de ses actes) et à chaque cycle de réincarnation ses actes doivent être de plus en plus bons afin de sortir de cycle des renaissances (samsara) et d’atteindre la libération finale appelée moksha.

Le mot samsâra : Est le mouvement cyclique comparable à un grand fleuve, par lequel tous les êtres sont emportés de vie en vie et de mort en mort. Il n’a ni début ni fin et pourtant, et c’est un paradoxe, on en sort verticalement. La réincarnation désigne un processus de survivance après la mort et par lequel l’âme migre vers une autre vie, un autre corps. Les hindous croient fortement dans le cycle des morts et des renaissances. Il faut, selon les textes, cinquante-deux millions de naissances avant de renaitre comme humain. Les étapes précédentes passeraient par des états végétaux puis animaux. On a donc tous été une fois au moins un brun d’herbe, une rose, une araignée, un cheval. Et une fois la naissance humaine acquise, il faudra la préserver en créant de bonnes actions. Tout mauvais karmacomme par exemple le fait de tuer une personne humaine ou tuer des animaux pour les manger engendrerait une réincarnation rétrograde en mourant jeune ou de maladie. Il est donc essentiel que chacun fasse bien son devoir sans en chercher les fruits nous dit la Bhagavad Gîta.Sur le champ de bataille,Krishnaenseigne à Arjuna qui doute de son devoir de guerrier qu’il doit agir et aller combattre ses propres cousins car le dharmaou l’ordre du monde sera en péril.

Le mot dharma : Est la trame intelligible, limpide, claire et perceptible de l’univers. Ce mot désigne aussi l’ensemble des manières d’être et de penser conformes à cette intelligibilité. Il n’y a pas de mot équivalent en français pour désigner le dharma, le seul mot qui s’en approche est celui du latin logos(ce qui lie par le discours la raison, la relation).  Le dharmalie donc la diversité du monde et l’empêche ainsi de sombrer dans le chao. Les textes disent que celui qui sort du dharmase perd. Ajunal’a bien compris et va agir en conséquence en combattant mais sans en récolter les fruits de ses actions.

Et pour finir le mot OM : ou AUMest le son primordial, origine de la création, le Big Bang, la semence dans laquelle le langage est issu. Tous les sons qui existent dans l’univers proviennent du son Aum. Ce son signifie « j’accepte », c’est le symbole le plus élevé de la connaissance hindoue. C’est la présence de l’absolu dans le monde, il est utilisé au début de chaque rite, au début et à la fin de chaque séance de yoga ; il permet d’attendre le divin. 

Aux trois lettres correspondent les tendances de la Trimurti (les trois dieux importants de la cosmogonie hindoue : Brahma, Vishnou et Shiva) : 

A : est Brahma, l’état de veille, l’origine de la création, le monde terrestre et la conscience.

U : représente Vishnu, la tendance cohésive, le monde intermédiaire, l’état du rêve et l’inconscience

M : est Shiva, la force centrifuge, celle qui détruit tout, c’est l’état de sommeil profond, le monde céleste et la subconscience.

On y ajoute une demi-lettre que seuls les yogis « éveillés » peuvent percevoir, elle représente le monde lunaire, hors d’atteinte de la pensée et de la parole, c’est la supra-conscience.

Y placer le dessin OM

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