Āsana – आसन

Āsana – आसन 

En sanskrit, le mot āsana désigne un siège ou bien une façon de s’assoir. Il prend ensuite le sens d’une posture corporelle voire d’un mouvement physique dynamique répété. Dans les Yoga Sūtra de Patañjali qui est le plus ancien texte donnant une description systématique d’un yoga à huit membres, āsana est une façon de s’assoir et constitue le troisième des huit membres requis pour réaliser la maitrise du yoga. Les Sūtra ne donnent aucun détail sur la nature d’āsana, sinon que, pour la pratique du souffle et pour celle des techniques de méditation du yoga, l’āsana du yogi doit être ferme et confortable en même temps (sthira/sukha). Quand la posture permet au yogi de la garder fermement tout en s’y sentant à l’aise, le but du yoga est atteint. C’est ainsi que la posture met fin à l’agitation corporelle et rassemble les énergies éparses. Cette étape a été particulièrement développée par le texte Hatha Yoga Pradīpikā qui distingue deux types de postures : les postures physiques et les postures méditatives. Les premières ont pour but de remédier aux faiblesses du corps et d’assouplir et d’affermir la colonne vertébrale, canal principal où circule l’énergie divine. Elles préparent ainsi au second où la colonne vertébrale doit être maintenue parfaitement droite et sans effort. Pour Patañjali, les seules postures sont celles de la méditation, les postures dites de l’assises. Quant au Hatha Yoga Pradīpikā, le texte décrit quinze postures dont huit ne sont pas des postures de méditation. Parmi les huit postures, il y a celle du paon (mayūrāsana) et précise qu’en pratiquant cette posture les maladies s’éloignent. Toujours dans le Hatha Yoga Pradīpikā, il y a pour la première fois des positons allongées comme la posture du cadavre (savāsana), il y est aussi mention des postures comme mahāmudra (la posture une jambe repliée, l’autre allongée et avec un dos étiré en plaçant les mains sur le pied) et de viparītakaranī (la demi-chandelle).

La grande différence entre le yoga postural moderne et la pratique du temps des textes est l’absence dans le second de postures debout autres que les postures simples comme vrksanan (l’arbre) et kāyotsargasana (Samasthiti ou la position debout d’équilibre entre ciel et terre) dans lesquelles le buste reste redressé.

Les ascètes et yogis pratiquent les postures physiques pour deux raisons : d’une part, elles fournissent une position stable pour le contrôle du souffle, pour la répétition des mantras et la méditation et d’autre part, elles permettent l’arrêt du karma et l’acquisition du tapas, le pouvoir ascétique qui purifie le karma ancien et confère des facultés surnaturelles.  Il y a une troisième raison qui s’ajoute aux deux précédentes c’est la recherche de bénéfices thérapeutiques. Les ascètes indiens pratiquent le yoga afin d’acquérir du tapas c’est à dire rester un long moment dans les postures physiques difficiles. Les effets thérapeutiques des āsana sont une invention du Hatha Yoga Pradipika. Les textes anciens citent certes des effets bénéfiques physiques générés par le yoga mais pas liée aux āsana. L’obtention d’un mieux-être physique est attribuée à l’efficacité des techniques méditatives que sur celle des āsana. 

La pratique des āsana met en évidence une différence essentielle entre la pratique moderne et la pratique traditionnelle. Pour les yogis traditionnels, il est suffisant d’adopter une unique posture et de la maintenir longtemps comme d’ailleurs l’indique l’étymologie du mot āsana dont la racine ās signifie à la fois s’assoir et rester comme on est. Par contre dans le yoga Sūtra de Patañjali, il est dit que le yogi peut utiliser pour la méditation tout āsana rendant l’esprit stable. 

Il n’est nullement de série complexes comme celles que constituent le cœur de l’enseignement des āsana diffusé par T Krishnamacharya et ses élèves au 20ème siècle (exemple la salutation au soleil). Le mot vinyāsa n’est pas utilisé dans les textes, il apparait dans uniquement les textes tantriques et qui désigne la répétition de mantra. T Krishnamacharya a utilisé ce mot pour désigner une progression que l’élève doit accomplir lors de sa pratique. Ce terme a été trouvé dans un texte tantrique sāmbapañcāsikā où à la neuvième strophe il désigne des pas à travers les trois mondes accomplis par Vishnu sous la forme de vāmana (le main). Le yoga nous suggère d’avoir une posture qui doit être confortable et à l’aise (sukha) tout en étant stable et vigilant (sthira). Il faut s’impliquer et en même temps rester attentif. 

Pour conclure, Il y a une métaphore explicative dans la mythologie hindou qui représente ananta, le roi des serpents. Le concept est celui d’un cobra qui porte l’univers sur ses capuchons tout en servant de couche à vishnu. Le cobra devra être détendu puisqu’il sert de couche, c’est le concept de sukha. Cependant le cobra ne peut être inerte et faible puisqu’il porte l’univers, c’est le concept de sthira ? Ces deux qualités qui ne s’opposent pas mais qui sont complémentaire, nous donnent l’idée de la posture parfaite et de quelle manière on doit la ressentir. Pour atteindre ceci, nous devons trouver les nœuds et les moyens de les défaire.

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